Elle joue un rôle de la plus grande importance chez Pleyel et apporte une caractéristique tout à fait particulière visant à diffuser le son et modeler le timbre et non à le brider! Cette tradition de la présence de la "fausse table " vient de l'école de Vienne.
Pleyel d'origine autrichienne adoptera ce principe sur tous ses pianos à queue et carré dès le début de sa manufacture en 1807 jusqu'à la fin des années 1850, date vers laquelle Camille Pleyel (1788-1855) se retire peu à peu des affaires. (Le dernier piano de F. Chopin portant le n° 14810 était pourvu de sa fausse table.) Il faut noter aussi qu'Erard suit le même chemin. Celle-ci est présente tout au moins jusqu'en 1844 (Erard n°16972 coll. privée et celui de la collection de la Cité de la Musique n°16349 sont tout deux équipés d'une fausse table en palissandre).
Il est donc clair que si cet élément se retrouve chez les deux principaux (mais opposés par leurs choix esthétique, l'un préférant les couleurs pastels aux couleurs vives et franches d'Erard) facteurs de pianos de l’époque, c'est qu'elle joue bien un rôle important. En effet on peut imaginer sa fonction comme celle d'un filtre sur un amplificateur qui supprimerait les sons parasites, ou bien d'une gomme qui effacerait les ratures!
Ignace Pleyel & Cie
N° de série : 7498
Décembre 1839, vendu à Mme Dulin à Paris (collection particulière).
Restauré par Olivier Fadini en 2010.
Collection particulière.
Une des caractéristiques principales des pianos de Pleyel de cette période est d'avoir un timbre chaleureux et moelleux combiné avec un toucher très "charnel " et sensible dû en partie au choix des garnitures des marteaux et la grande qualité des matériaux utilisés.
Les marteaux sont recouverts de plusieurs couches de peaux chamoisées allant du noyau dur en bois à la première couche de cuir aux successives en peaux plus souple jusqu'à la dernière « couche d'harmonie" plus épaisse et pelucheuse (de 5mm à 2mm). La dernière couche est en feutre de poils de lapin.
L'équilibre parfait atteint par la manufacture Pleyel entre le système « table d’harmonie / fausse table / chevalet / cordage » et la grande précision de sa mécanique à simple échappement, donne des instruments aux particularités étonnantes qui séduira et affiliera les plus grands compositeurs et interprètes du romantisme.
La présence de la « fausse table » est essentielle. Cette dernière est posée sur des petits blocs en acajou soigneusement garnis de drap vert et se trouve au dessus du plan des cordes, elle est amovible, afin de pouvoir accéder à la table pour y changer éventuellement des cordes.
CARACTERISTIQUES
Piano à queue « petit patron » de six pieds, moins de 2m en acajou moucheté.
Etendue du clavier : DO, sol (6 octaves et une quinte).
Cadre serrurier : de 4 barres et sommier d'accroche en fer peint de couleur vert mat et aventurine.
Table d'harmonie en épicéa avec sa fausse table d'origine en acajou de 5 mm d'épaisseur.
Mécanique originale de type Anglais à simple échappement.
Les têtes de marteaux en acajou sont garnies de 4 à 2 couches de peaux chamoisées.
Les manches des marteaux sont en Genévrier de Virginie de 5,3 mm de diamètre. Le poids moyen d'un marteau complet avec son manche est de 7,5 g dans les basses à 5,5 g dans les aiguës.
Poids moyen nécessaire à l'enfoncement : 50 g.
Le clavier est en tilleul complet de ses garnitures d'origine, les marches sont plaquées d'ivoire et les feintes en ébène. L'enfoncement du clavier est compris entre 7 et 8mm des aiguës aux basses.
Pédales : una corda, forte.
PIANO A QUEUE "PETIT PATRON", PLEYEL, 1839